Les Folles de la place de mai
Les Folles de la place de mai

Avec l’installation de la dictature militaire en 1976, les enlèvements politiques se multiplient ; les historiens s’accordent pour donner le chiffre de 30 000 « desaparecidos » souvent très jeunes, étudiants voire lycéens arrêtés, torturés et parfois jetés par avion militaire au dessus du Rio de la Plata. La répression est telle que toute manifestation et tout rassemblement est interdite ; des mères de ces disparus se retrouvent alors le jeudi sur la place de Mayo, devant le palais du gouvernement, et tournent autour de l’obélisque, en échangeant leurs informations. Chaque semaine plus nombreuses, elles arborent sur la tête les langes blancs de leurs enfants et deviennent « les Folles de Mai ». Structurées en associations, elles sont reçus dans le monde entier pour témoigner et exiger inlassablement la vérité sur la disparition de leurs enfants. Aujourd’hui ces grands-mères, malgré des indemnisations substantielles, continuent à manifester tous les jeudis rejointes par d’autres mouvements de revendication politique. On peut voir sur les photographies des drapeaux à l’effigie d’Evita Peron, la référence à l’ERP (ejercito revolucionario del pueblo, mouvement armé qui mena la lutte contre le gouvernement d’Isabel Péron - à ne pas confondre avec Evita - et plus généralement une guérilla contre les intérêts nord-américains), ou encore des slogans de soutien aux Palestiniens. On peut voir également la présence d’Indiens dans ces manifestations de la place de Mai : laissés pour compte de la société argentine, des mouvements réclament une redistribution des richesses et des terres.