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Croissance économique et bien-être
Article mis en ligne le 24 janvier 2007
dernière modification le 24 février 2007

par Observatoire français des conjonctures économiques

Gérard Cornilleau directeur adjoint au Département des études de la Revue de l’OFCE

  • revue de l’OFCE n°96, janvier 2006

Introduction :

La mesure du bien-être d’une société et de son évolution est une question qui reste
ouverte. On propose ici un indicateur nouveau fondé sur la prise en compte du caractère « 
relatif » du niveau de bien-être d’une génération et de l’impact « absolu » de la croissance du
revenu en cours de vie. L’hypothèse de base retenue considère que chaque individu est
doté, à la naissance, d’un niveau de bien-être initial proportionnel au revenu relatif dont
dispose sa famille. Par la suite, le bien-être de chaque individu évolue comme le revenu réel
dont il dispose. A long terme, cet indicateur dépend de la répartition du revenu (une
réduction des inégalités augmente le bien-être social) et du taux de croissance de
l’économie, la hausse du revenu par habitant conduisant à une augmentation durable du
bien-être, puisque les générations en cours de vie bénéficient d’un bien-être plus élevé. Il
évolue également positivement en fonction de la durée de la vie et du vieillissement, car la
part des générations ayant bénéficié d’une hausse du bien-être au cours de la vie augmente.
Le calcul de cet indicateur pour quatre pays, (France, Italie, États-Unis et Grande-Bretagne)
de 1950 à 2000 montre que le bien-être a très fortement augmenté en France et en Italie des
années 1950 à 1970 avant de stagner depuis les années 1980. Aux États-Unis et en
Grande-Bretagne, l’évolution du bien-être a été nettement plus régulière. Si le taux de
croissance du revenu par tête se maintenait au niveau actuel en France et en Italie, le niveau
de bien-être y diminuerait de 20 à 40 % en 2050 alors qu’il se stabiliserait au niveau actuel
en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Dans ces quatre pays, une croissance économique
de 2 % par an permettrait juste de stabiliser le niveau de bien-être à long terme. Ces
résultats montrent que pour garantir le maintien d’un niveau élevé de bien-être social, la
politique économique doit viser dans le long terme à la fois un taux de croissance
économique élevé et la réduction des inégalités.