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par Observatoire français des conjonctures économiques
Gérard Cornilleau directeur adjoint au Département des études de la Revue de l’OFCE
- revue de l’OFCE n°96, janvier 2006
Introduction :
La mesure du bien-être d’une société et de son évolution est une question qui reste
ouverte. On propose ici un indicateur nouveau fondé sur la prise en compte du caractère «
relatif » du niveau de bien-être d’une génération et de l’impact « absolu » de la croissance du
revenu en cours de vie. L’hypothèse de base retenue considère que chaque individu est
doté, à la naissance, d’un niveau de bien-être initial proportionnel au revenu relatif dont
dispose sa famille. Par la suite, le bien-être de chaque individu évolue comme le revenu réel
dont il dispose. A long terme, cet indicateur dépend de la répartition du revenu (une
réduction des inégalités augmente le bien-être social) et du taux de croissance de
l’économie, la hausse du revenu par habitant conduisant à une augmentation durable du
bien-être, puisque les générations en cours de vie bénéficient d’un bien-être plus élevé. Il
évolue également positivement en fonction de la durée de la vie et du vieillissement, car la
part des générations ayant bénéficié d’une hausse du bien-être au cours de la vie augmente.
Le calcul de cet indicateur pour quatre pays, (France, Italie, États-Unis et Grande-Bretagne)
de 1950 à 2000 montre que le bien-être a très fortement augmenté en France et en Italie des
années 1950 à 1970 avant de stagner depuis les années 1980. Aux États-Unis et en
Grande-Bretagne, l’évolution du bien-être a été nettement plus régulière. Si le taux de
croissance du revenu par tête se maintenait au niveau actuel en France et en Italie, le niveau
de bien-être y diminuerait de 20 à 40 % en 2050 alors qu’il se stabiliserait au niveau actuel
en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Dans ces quatre pays, une croissance économique
de 2 % par an permettrait juste de stabiliser le niveau de bien-être à long terme. Ces
résultats montrent que pour garantir le maintien d’un niveau élevé de bien-être social, la
politique économique doit viser dans le long terme à la fois un taux de croissance
économique élevé et la réduction des inégalités.