Conférence de présentation de son dernier ouvrage, [*Renouveler la démocratie. Éloge du sens commun*] (Odile Jacob, 2006), prononcée le 24 janvier 2007 par Raymond Boudon à la Fondation pour l’innovation politique.
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Extraits de l’introduction :
Pourquoi observe-t-on dans les démocraties modernes, et en
France peut-être plus qu’ailleurs, une sorte de brouillage des grands
principes de la démocratie ? Ce brouillage se traduit par divers faits :
pullulement des lois et multiplication de lois non suivies d’application,
en violation de l’avis de Montesquieu : ne toucher à la loi que
« d’une main tremblante ». Vote de lois imposant des vérités historiques,
limitant la liberté d’expression ou brimant la collecte d’informations
essentielles à la connaissance de la société. Vie politique
dominée par des conflits entre les divers groupes d’influence et
d’intérêt. Action politique vue comme faite surtout de la recherchede
compromis entre les demandes de ces groupes. Confusion entre l’égalité et l’équité. Politiques compassionnelles préférées aux politiques
rationnelles. Étiolement de la démocratie représentative au
profit d’une « démocratie participative » de caractère incantatoire,
comme l’indique le fait que l’expression soit difficilement traduisible
dans les autres grandes langues européennes, en anglais ou
en allemand par exemple. On peut être tenté d’en rapprocher la
grassroots democracy américaine des années 1960. Mais ce slogan
invitait surtout au développement de la démocratie locale.
La notion de « démocratie participative » n’est d’ailleurs pas la
seule à être difficilement traduisible. Celle de « dialogue social » ou
la distinction entre « Démocratie » et « République » sont d’autres
particularités françaises. Quant à la notion de « modèle social français
», elle est bien difficile à définir et souvent mal comprise à
l’étranger.