Cette expérimentation traite du cas de Lola (nom de substitution), élève de 4ème et non voyante.
Malgré cette déficience, elle arrive à percevoir de vagues lueurs dans son environnement et seulement avec l’œil gauche.
Si le but de cet enseignement adapté est de donner à Lola une autonomie dans sa course sur tapis, nous avons d’abord utilisé des élastiques qui la ceinturent et par la variation de tension, la renseigne sur la vitesse de déplacement.
Ainsi, Lola peut lâcher la barre frontale du tapis, ce qui contribue à une meilleure foulée.
Mais Lola manque encore de confiance quant à la direction qu’elle a du mal à suivre sans repère visuel.
A la différence de nombreux débutants sur tapis de course, et ce malgré 3 mois de pratique, elle oscille toujours autant de droite à gauche sur le ruban ou bien elle court en élargissant sa foulée, tapant ainsi des pieds, ce qui devient rapidement fatiguant et ne lui permet pas vraiment progresser.
D’où l’idée d’installer dans le peu de "champ de vision" gauche qu’elle possède, un dispositif lumineux programmé sur une carte électronique Micro:Bit, de sorte à émettre une lueur suffisamment forte et perceptible pour donner à Lola une "direction" et ainsi améliorer le rendement biomécanique de sa foulée.
Quelques soient les effets réels du dispositif, sur le plan des ressentis, Lola se dit plus rassurée et plus autonome.
Elle doit cependant faire face à un surpoids et un manque de condition physique qui oblige à fractionner ses séances d’endurance. A cet effet, le codage de la carte Micro:Bit permet d’introduire le programme d’entraînement en faisant s’allumer automatiquement des leds, 2 minutes en continue après 5 minutes de marche, le tout répété 3 fois de suite par exemple. Ce qui dans son cas, s’avère largement suffisant pour le moment.
Par la suite, de nouvelles programmations de la carte Micro:bit permettront de créer des séances à intensités "progressives". Ci-dessous un autre exemple de programmation avec des intervalles de 2 minutes de marche + 1 minute de course, le tout répété 6 fois.
Même si le projet se déroule dans une salle de Fitness disposant de matériel professionnel programmable à souhait, il n’en reste pas moins "à priori" efficace sur le rendement de la foulée de Lola et donc sa progression dans une logique de sport santé.
Il aurait été plus simple par exemple de tenir ou de poser sur la console dans le champs de vision gauche de Lola, un smartphone en mode lampe, durant ses phases de course. Ceci fût le cas et testé avant l’adoption de ce dispositif qui autorise plus de dévolution dans un contexte où 3 autres élèves nécessitent eux aussi toute l’attention de l’enseignant.
Il est à noter que ce projet fait écho au séminaire national des IAN (interlocuteur académique numérique) à Reims en mars 2023 puisqu’un projet mettant en scène des cartes numériques du même style a été évoqué dans un contexte complétement différent certes mais suffisamment explicité pour le penser autrement.
Pour conclure, ce projet est à partager avec les enseignants de technologie du collège Ventadour (Mr Pons et Mr Gaudron) qui ont fourni le matériel et m’ont montré la procédure à suivre pour programmer la carte. La programmation étant très proche de celle des applications Androïd présentes sur ce site, elle ne fût pas un frein d’autant plus que ce niveau de programmation est approché en Technologie au collège.
1ère Évolution du projet
Les cartes Micro:bit de 2ème génération étant équipées d’un "haut parleur", le but est de coder le dispositif de sorte qu’il agisse comme un métronome pour donner à Lola, une cadence de course plus rentable sur le plan biomécanique. A savoir, plus proche des 170 pas/minutes que des 150 pas/minutes actuel.
Dans l’exemple ci-dessus, la carte est codée de sorte à activer un son cadencé à 160 battement/minutes et seulement lorsque les Leds sont allumés (1 minute de course après 3 minutes de marche, le tout répété 5 fois).
Appuyer sur le bouton B incrémente de 5 en 5 la cadence, jusqu’à 200 pas/minutes avant de chuter à 100 pas/minutes pour remonter de 5 en 5 (boucle). Ainsi, si la cadence cible est de 170 p/m, grâce à la fonction d’incrémentation, il est possible d’atteindre cette cadence de manière progressive.
On peut aussi programmer un entraînement rythmant plutôt les phases de marche à hauteur de 100 pas/minutes (recommandation seuil d’intensité modérée en matière de "sport santé").
Dans l’exemple ci-dessous, la cadence est fixé à 100 pas/minute durant 3 minutes puis 160 pas/minutes pendant 1 minute, le tout répété 5 fois et incrémentale de 5 en 5.
Dans ce dernier exemple, toutes les propositions précédentes sont réunies en un seul code :
- Bouton A (Programme d’entraînement 1) : 3 minutes de marche + 1 minute de course cadencée à 170 p/m, le tout répété 5 fois.
- Bouton B (Programme d’entraînement 3) : même programme que précédemment mais la marche est aussi cadencée (100 p/m).
- Bouton A+B : Fonction qui incrémente de 5 en 5, la cadence.
A noter que les valeurs des cadences ont été légèrement augmentées en raison de la limite matérielle (traitement processeur de la carte) qui a tendance à ralentir les cadences réelles émises par le haut parleur.
2ème Évolution du projet
Un 2ème objectif en lien avec les professeurs de technologie du collège, est la réalisation d’un boîtier support grâce à une imprimante 3D, afin de faciliter l’usage du dispositif.
3ème Évolution du projet
Au fil du temps et afin d’apporter de la variété aux séances, une nouvelle programmation s’ajoutant au précédentes permet à Lola de travailler seule sur Vario (Elliptique à rubans) afin de maintenir une cadence de 90 à 100 rpm (rotation par minute).
Ci-dessous un aperçu de la programmation incluant en bouton A, les fonctionnalités pour tapis de course et en bouton B, la nouvelle fonctionnalité pour Vario. A savoir, un son rythmé à 90/100 RPM et modifiable en appuyant simultanément sur les boutons A et B (incrémentation du rythme de 5 en 5 RPM).
Alain Foltzer
Professeur EPS au collège Bernart de Ventadour à Limoges
IAN EPS