Si chacun comprend facilement ce qu’est un taux d’intérêt, le vocabulaire économique associé à cette notion est très riche et la lecture des documents financiers traitant de sujets impliquant cette référence doit prendre en compte cette complexité.
Le taux d’intérêt est le pourcentage appliqué à la somme d’argent prêtée par un agent à un autre pour calculer le revenu que recevra le prêteur. Le versement de ce revenu s’ajoute au remboursement de la somme prêtée.
Ainsi : une somme de 10 000 euros prêtée au taux annuel de 5 % pendant un an donnera lieu à un versement de 10 500 euros. Si le prêt porte sur plusieurs années et est remboursé en partie chaque année, le versement annuel des intérêts est calculé uniquement sur le capital restant dû.
Il y a deux manières d’emprunter : demander un crédit et émettre un titre d’endettement.
La différence entre les deux ne se situe pas du côté de l’emprunteur qui dans tous les cas doit rembourser et verser les intérêts - les économistes disent qu’il doit assurer le service de la dette - mais du côté du prêteur.
En accordant un crédit le prêteur engage une somme d’argent pour une durée fixée à l’avance. Il se prive de liquidité. Un crédit bancaire par exemple est en principe parfaitement illiquide ce qui signifie que la banque ne peut pas récupérer la somme prêtée avant l’échéance. C’est pour échapper à cette contrainte que les banques ont développé des instruments permettant de transformer les crédits en titres. Pour en savoir plus sur la titrisation voir cet article.
C’est ici que réside l’avantage pour le prêteur qui intervient en souscrivant des titres d’endettement. Parce que ces titres sont négociables, il est possible à tout moment de les vendre et de retrouver ainsi la liquidité à laquelle le prêteur a renoncé initialement.
Il est donc assez logique de distinguer les taux d’intérêt liés au crédit bancaire de ceux qui correspondent à des opérations de marché, sachant que les seconds interviennent dans la formation des premiers. Mais il faut au préalable présenter les arguments utiliser pour justifier le versement d’un intérêt.
Si le prêt à intérêt existe c’est parce qu’en l’absence de rémunération, les prêteurs ne seraient pas assez nombreux pour répondre à la demande des emprunteurs. Le taux d’intérêt ressemble donc à un prix. Pour certains c’est le prix de la renonciation à la consommation, pour d’autres c’est celui de la renonciation à la liquidité. Il y a dans les deux cas un arbitrage - entre consommer et épargner ou entre conserver de la monnaie liquide ou placer cette monnaie - et le taux d’intérêt est un des paramètres de l’arbitrage - contre la préférence pour le présent dans le premier cas et contre la préférence pour la liquidité dans le second.
Au delà de cette opposition théorique importante, il va de soi qu’une opération mettant en cause deux échéances distantes - la date à laquelle la somme sera remboursée est distincte de celle à laquelle elle a été prêtée (même s’il s’agit de quelques heures comme sur le marché interbancaire) - fait courir des risques aux prêteurs et ces risques doivent être appréciés et compensés monétairement.
Il faut maintenant observer comment ces principes sont appliqués dans les deux cas présentés en introduction : le crédit bancaire et les titres d’endettement.
Un crédit bancaire c’est un contrat entre un prêteur, la banque et un emprunteur.
Un emprunt comporte forcément les caractéristiques suivantes : la monnaie dans laquelle il est libellé, la durée de l’engagement et les conditions de sortie de l’engagement, le taux d’intérêt et ses modalités (fixe ou variable).
Les taux d’intérêt pratiqués par les banques ne sont pas les mêmes en fonction de la durée du prêt, de l’emprunteur, des garanties éventuelles, de la destination du crédit. Par ailleurs d’une banque à l’autre, les taux d’intérêt pour un même type de crédit peuvent être différents. Ainsi il n’y a pas un taux d’intérêt mais des taux d’intérêt comme le montrent les tableaux ci-dessous.
Taux sur les crédits nouveaux des Institutions financières monétaires à la clientèle résidente
Source : Banque de France, décembre 2009.
Pfit : période de fixation initiale du taux. C’est la période sur laquelle le taux d’un crédit est fixe.
PFIT ≤ 1 an : crédits dont le taux est révisable au moins une fois par an + crédits à taux fixe de durée initiale ≤ 1 an.
PFIT > 1 an : crédits à taux révisable selon une périodicité supérieure à l’année + crédits à taux fixe de durée initiale > 1 an.
Pour financer leurs activités les sociétés non financières, et les sociétés financières peuvent procéder à une augmentation de capital en émettant des actions. Ce type de financement ne concerne pas directement les taux d’intérêt car si l’actionnaire est bien un créancier de la société dont ils détient des actions, celle-ci n’a pas à rembourser la créance. La contrepartie de la dette de la société c’est son actif. L’actionnaire est propriétaire, proportionnellement à la part des actions qu’il possède, des actifs de la société.
Les sociétés - financières et non financières - et les administrations publiques disposent d’une autre source de financement par émission de titres. Pour ce procurer des ressources à moyen et long terme elles peuvent émettre des obligations et pour les ressources à court terme elles peuvent émettre des titres de créance négociables CDN ce qui les conduit à participer à la formation des taux d’intérêt sur deux marchés : le marché obligataire et le marché monétaire.
Avant d’examiner la place des taux d’intérêt sur ces deux marchés plus en détail il faut souligner une distinction importante.
- Le marché obligataire est un marché des valeurs mobilières, il est organisé et les obligations font l’objet d’une cotation.
- Le marché monétaire est un marché de gré à gré, il n’y a pas de cotation, sauf pour les bons de Trésor dont le marché est entièrement organisé (voir plus bas).