"Les Elégies Martiales" Roger Allard et Raoul Dufy

lundi 17 mars 2014
par  Commémoration 14-18
popularité : 20%

Les élégies martiales, recueil de poèmes de Roger Allard, illustré par Raoul Dufy, 46 S
Editions Camille Bloch, 1917. Edité en 251 exemplaires.
30 poèmes illustrés par Raoul Dufy de gravures sur bois en bandeaux, culs de lampe, vignette avec une pleine page pour la première illustration, le tout en impression noir et rouge
Ce document fait partie du Fonds 46 S des Archives Municipales de Limoges.
Il s’agit de l’exemplaire numéro 34, tiré sur grand vélin blanc de Rives (tiré sur bois originaux numérotés à la presse).
Les auteurs
Roger Allard,
Soldat mobilisé dans l’infanterie, il est blessé suite aux combats de 1916 et transféré à l’hôpital militaire numéro 11 de Limoges. Mais il est aussi poète, critique d’art, essayiste, chargé de l’édition d’ouvrages sur la peinture à Paris à la Nouvelle Revue Française. L’exercice de sa profession l’a mis en relation avec un grand nombre d’artistes poètes ou peintres (Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Albert Gleizes, Emile Laboureur, Jean Metzinger, André Derain). Depuis 1911 s’est développé une forme originale d’associations d’artistes dont l’objectif est de réaliser des productions éditoriales uniques.
Raoul Dufy
Réformé en 1904, Raoul Dufy est engagé volontaire le 8 mars 1915 ; il est affecté dans le Train, service automobile des armées puis il est mis en sursis d’appel à disposition comme conservateur de la Bibliothèque-Musée de la Guerre à Paris.
Durant la guerre, il a une production artistique très diversifiée :
 production à la gloire des armées françaises et alliées : tableaux, estampes, cartes postales, gravures, carré de soie à thèmes patriotiques (la pochette des Alliés) qui reçoit un certain succès au Havre où elle est commercialisée, des dessins, des illustrations concernant les troupes coloniales et des dessins de mode.
 il est à la fois peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, créateur de tissus, de tapisseries, de mobilier et décorateur. Il utilise la technique ancienne de la xylographie dont il a montré sa maîtrise, portant le bois gravé à la perfection. En 1916, il proposera des images de propagande au ministère de la Guerre sans succès.
Pour le recueil de poèmes de Roger Allard, les gravures qu’il réalise empruntent à l’imagerie populaire. Elles ont une simplicité de lecture et une grande intensité plastique, en faisant une place importante au graphisme. Elles font aujourd’hui partie des collections du Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art Moderne et ont été mises en dépôt depuis 1966 au musée des Beaux Arts de Nantes.
Les circonstances d’élaboration des Elégies martiales (1914-1917)
Roger Allard, poète et Raoul Dufy graveur et peintre vont réaliser une publication assez unique dans les circonstances difficiles de la première guerre mondiale. Tous deux comme les autres soldats sont confrontés à l’épreuve des combats. La mobilisation projette ainsi brutalement des milliers d’hommes dans un monde organisé par de nouvelles lois, celles de l’ordre militaire qui les confronte au sacrifice de soi et à l’éventualité de la mort à venir. L’expérience de la guerre tranche avec la propagande patriotique. Elle engrange des masses de plus en plus nombreuses indépendamment des classes sociales, des professions exercées ; tous les hommes en âge de porter les armes sont ainsi mobilisés. Si tous vont témoigner par leurs échanges et leurs correspondances de leurs conditions de vie et de leurs épreuves, les artistes offrent pour leur part leurs propres représentations de la guerre au fil de son déroulement.
Bien que l’on ne dispose pas de la correspondance qui a nécessairement lié les deux hommes au fil de l’élaboration du recueil, Roger Allard et Raoul Dufy continuent de communiquer, d’échanger sur leurs travaux et de produire leurs œuvres. Le résultat de leur collaboration dans le cadre de l’ouvrage « les Elégies martiales » montre la complémentarité de leurs expressions artistiques. Ils décrivent en effet les mêmes états de conscience, les interrogations et incertitudes face à un événement qui broie les individualités, exalte le collectif, implique le don de soi.
Tous deux vont au-delà de leur expérience personnelle et en étroite collaboration, traduire la manière dont la guerre impacte les destins individuels, impose son environnement, ses rythmes, ses rites. La guerre entraîne la nécessaire force du groupe, oblige à une promiscuité des troupes alors que s’intensifie la technologie de la guerre.
A chaque poème correspond en écho au thème, une ou plusieurs gravures. Parmi celles-ci, on note celle qui représente le pont de chemin de fer de Limoges au-dessus de la Vienne, associé au poème « le plus long jour de l’année. Un dimanche limousin » écrit au moment de sa convalescence à l’hôpital militaire.
Le recueil de poésie de Roger Allard
Les poésies du recueil Elégies martiales sont composées par Roger Allard entre 1914 et 1917, en particulier durant l’année 1916 lors de sa convalescence à Limoges. C’est un livre de poésie autobiographique. Il prend son inspiration dans son expérience de la guerre jusqu’en 1917, date à laquelle il sera à nouveau blessé et hospitalisé au Val de Grâce. C’est à ce moment que l’ouvrage sera publié.
Son titre « Elégies martiales » ou chant de douleur et de mort peut s’inscrire dans la continuité d’autres élégies célèbres (Lamartine, Musset, Hugo) mais dans les circonstances de la première guerre mondiale. Poème lyrique en 15 volets écrit en alexandrins, il permet au poète par l’écriture et la création d’un environnement poétique de disposer de la liberté et de la prise de distance nécessaire. Il décrit ainsi une prise de conscience et la représentation d’une réalité personnelle, en dehors de la censure qui s’exerce sur les correspondances.
Publication et réédition
L’ouvrage se termine en 1917 lorsque Roger Allard reparti sur le front comme aviateur, est à nouveau blessé et soigné au Val de Grâce le 1er décembre 1917. Son ouvrage est publié fin 1917 en 251 exemplaires.
L’ouvrage sera réédité en 1928 en 970 exemplaires à la Nouvelle Revue Française, avec l’intégralité des poèmes mais une seule gravure en accompagnement, le portrait de Roger Allard réalisé par Raoul Dufy.
Correspondance littéraire de Roger Allard (1914 – 1919), 45 S
En complément au recueil de poèmes « Les Elégies Martiales », les Archives Municipales ont acquis un fonds d’archives d’une trentaine de lettres sur l’activité littéraire de Roger ALLARD et ses échanges avec son ami le peintre graveur Jean-Emile LABOUREUR (1877 – 1943).
4 documents ont été sélectionnés montrant le lien :
  soit avec Limoges lors de son hospitalisation en 1916, carte postale du 2 mars 1916
  soit avec les circonstances d’édition pour la parution de ses ouvrages, lettres du 7 janvier 1917 et du 21 novembre 1916
  soit avec son talent d’auteur avec un poème acrostiche dédié à Jean-Emile LABOUREUR du 28 décembre 1916.

L’entrée en guerre à Limoges
Délibération du Conseil Municipal du 1er août 1914, 1 D 109.


Navigation